INVISIBILITÉ DES MALADIES
RESPIRATOIRES
1
Maladies respiratoires et dyspnée :
un déf icit d’image
◗ Les maladies respiratoires, bien que concernant
des millions de personnes en France (page 45),
sont moins bien connues du public que beaucoup
d’autres maladies. On parle beaucoup du cancer
en général, des maladies cardiaques et des acci-
dents vasculaires cérébraux, des démences. On
sait bien de quoi s’occupent les cancérologues,
les cardiologues, les neurologues. Pour les ma-
ladies respiratoires et les pneumologues, c’est
moins clair. Pas beaucoup de campagnes d’infor-
mation et de collecte de fonds pour la recherche.
La «Fondation du souf f le» (www.lesouf f le.org)
est bien moins connue que la «Fondation Alzhei-
mer» ou que la «Ligue contre le cancer». La BPCO
est si mal connue qu’on estime qu’un tiers des
personnes qui en souf frent ne sont pas diagnos-
tiquées. Les messages d’avertissement sur les
paquets de cigarettes ne parlent pas du souf f le.
La pandémie de COVID a donné un éclairage
nouveau à l’importance de la santé respiratoire,
mais déjà, avec la presque disparition des formes
graves, la mémoire tend à s’ef facer. Pourquoi la
santé respiratoire est-elle ainsi dans l’ombre ?
Dif f icile de le savoir exactement. Pour autant, il y
reste un paradoxe incroyable : 10 millions de per-
sonnes sont atteintes d’une af fection respiratoire
chronique, pour beaucoup d’entre elles la qua-
lité de vie est dégradée, mais elles restent dans
l’anonymat. Cet anonymat retarde le diagnostic
et l’accès aux soins, parfois au point que ce n’est
qu’à la f in de la vie que l’on réalise à quel point
telle personne a vécu des années durant un lent
étouf fement
◗ Toutes les maladies respiratoires ont en com
mun de provoquer la souf france qui se manifeste
par lessouf f lement page65 Au regard de ce
que cette souf france représente on pourrait
croire quelle au moins est visible et attire lat
tention de tous Ce nest pas le cas
◗ La dyspnée nom médical de lessouf f le
ment est invisible des personnes concernées
ellesmêmes qui ont tendance à la rationnali
ser» («je vieillis, j’ai grossi, je fume») et se la dis-
simuler (en réduisant petit à petit leurs activités).
Il faut retenir qu’il n’est jamais «normal» d’avoir
du mal à respirer, et que toute dif f iculté dans ce
domaine doit entraîner un contact avec un pro-
fessionnel de santé.
◗ La dyspnée est invisible des soignants, qui
connaissent mal les maladies concernées, qui ont
du mal à entendre que la plainte des patients peut
être dissociée d’anomalies mesurables («tout va
bien puisque votre saturation en oxygène est
normale»), ou qui évitent un sujet qui les met mal
à l’aise et pour lequel ils n’ont pas de solutions
simples comme ils peuvent en avoir dans certains
cas avec la douleur.
◗ La dyspnée est invisible de tous ceux qui n’en
souf frent pas (les proches des personnes at-
teintes de maladies respiratoires, les profession-
nels de santé), parce que, contrairement à la dou-
leur, la dyspnée n’est pas une expérience humaine
universelle. Tout le monde peut avoir une idée de
«l’essouf f lement», par exemple lors d’un exercice
«trop poussé», mais cela n’a rien à voir avec l’im-
pression d’étouf fer et de ne pas avoir de contrôle
qui caractérise la «dyspnée». Cela restreint consi-
dérablement la capacité à éprouver de la sollici-
tude pour les personnes dyspnéiques (page 31).
2
Décryptage : Victoire dans l’ombre
◗ Page 7, le caractère insidieux des dégâts créés
par la fumée de cigarette est évoqué par Victoire
quand elle dit, en parlant de son souf f le, «on ne
se rend compte de la valeur de ce qu’on possède
qu’une fois qu’on l’a perdu». Ce qui se voit bien
page 8 : comment imaginer à 20 ans, dans le
tourbillon de la vie, que la cigarette qui vous ac-
compagne a déjà commencé son œuvre néfaste
et rendra 15 20 30 ans plus tard la vie dif f icile
Cest ce que dit Miss Clope cest mon truc ça je
les bouf fe tout doucement ils ne saperçoivent de
rien et les avertissements répétés ny peuvent
pas grandchose comme le soulignent Mr Pou
mon et Mr Cerveau Et cest pas faute quon
nous lait dit Linvisibilité du risque touche
donc les personnes concernées ellesmêmes Elle
concerne aussi leurs proches page10 en bas à
droite le patron de Victoire lui dit je trouve ta
voix grave de fumeuse très sensuelle alors quil
pourrait ou devrait manifester plutôt de linquié
tude Page17 le médecin fait passer un message
69