soit interprétée et gérée d’une façon dif férente.
Pour cela, la première approche est d’essayer de
lutter contre l’anxiété, que la dyspnée engendre,
mais qui à son tour aggrave la dyspnée en un
cercle vicieux. Arriver à dissocier «respiration» et
«anxiété» et à réassocier la respiration à quelque
chose de plaisant est un objectif majeur. Cela
peut passer par des approches psychothérapeu-
tiques, des techniques psychocorporelles comme
le yoga, ou le tai-chi. Même si les maladies respi-
ratoires écornent beaucoup le pouvoir de contrô-
ler sa respiration (page 63), elles ne le font pas
complètement disparaître, et en adaptant bien les
approches corps-esprit, on peut en tirer des bé-
néf ices. Contre l’anxiété de la dyspnée, l’écoute et
la sollicitude sont très importantes (page 71). La
seconde approche pour essayer de «reprogram-
mer» un cerveau obsédé par le souf f le consiste à
employer des méthodes dont l’utilité est connue
dans des situations similaires, comme l’hypnose
médicale (utilisée dans certaines douleurs chro-
niques), ou la thérapie cognitive comportemen-
tale (qui repose sur une réexposition prudente
de la personne à la situation qui la perturbe, et
qui est ef f icace sur des situations post-trauma-
tiques entre autres), ou encore la méditation de
pleine conscience. Toutes ces approches peuvent
améliorer la dyspnée, mais même lorsqu’elles ne
le font pas, elles améliorent la qualité de vie en
aidant les personnes concernées à «réagencer»
leur vie, à bien vivre avec le souf f le qui reste au
lieu de vivre dans le regret du souf f le perdu.
2
Décryptage : le souf f le de Victoire
◗ Que représente la dyspnée pour la personne
qui en souf fre ? D’abord une souf france physique
et psychologique. Page 4, Victoire présente «le
manque de souf f le» comme «une souf france de
chaque instant en mettant en avant langoisse
la peur la peur de mourir Le caractère obsédant
de ce souf f le malade aussi qui se traduit entre
autres par les phénomènes danticipation an
xieuse Voir un escalier suf f it à provoquer gêne
respiratoire et anxiété comme le dit Mr Cerveau
même pas besoin de lautre là sousentendu
le poumon pour en baver Page6 retour sur la
prééminence de la dyspnée parmi les souf frances
humaines Mr Cerveau je crois bien quil ny
a rien de pire rien rien que cette horreurlà
Mr Poumon tellement daccord avec le pa
roxysme qui est atteint lors dune exacerbation
sévère (page 30). L’explication de la signif ica-
tion du mot «dyspnée», l’essouf f lement que l’on
ressent à cause d’une maladie est donné page 23
par le médecin que consulte Victoire. Les anoma-
lies de l’appareil respiratoire sont bien présen-
tées comme étant à la source du problème, mais
l’implication du cerveau est également présentée
d’emblée (page 21). Deux échanges de Mr Cer-
veau et Mr Poumon le résument : page 21, Mr Cer-
veau dit «et qui c’est le responsable, c’est bibi»,
à quoi Mr Poumon répond «Ben il n’y a pas de
quoi se vanter», et page 23 Mr Poumon admet
aussi sa responsabilité, «Bon, OK, égalité», ce qui
fait bien ricaner Mr Cerveau. Un couple infernal,
ces deux-là. La professeure de pneumologie qui
va faire entrer Victoire dans une prise en charge
intégrative reviendra sur ce concept «poumon
et cerveau» pour expliquer à Victoire comment
elle peut espérer aller mieux alors que son trai-
tement respiratoire est maximal (page 37) : c’est
le concept du traitement de la dyspnée persis-
tante (et l’explication de la remarque de Mr Cer-
veau, page 37 en bas à droite «ça fait plaisir
qu’on me comprenne un peu»). La dyspnée est
le moteur principal du handicap respiratoire Elle
commence à faire irruption dans la vie de tous
les jours d’abord pour des actes «non indispen-
sables» (page 12) puis pour des actes de plus en
plus «communs» (page 13, page 18, page 20). La
dyspnée est un symptôme, un signal d’alarme. Cet
aspect est souligné page 17, avec l’importance de
ne pas la négliger pour préserver le futur, qui est
bien mise en avant par le médecin de Victoire. Et
enf in la dyspnée est une expérience existentielle
à part entière, en particulier lorsqu’elle est pré-
sente malgré la mise en place des traitements des
anomalies respiratoires, la «fameuse» dyspnée
persistante. On voit apparaître pour la première
fois ce concept page 28, lorsque Victoire se plaint
davoir toujours du mal à respirer après sa réadap
tation respiratoire page58 avec une exposition
très forte de la problématique page34 Ce qui est
important dans cette notion de dyspnée persis
tante cest quelle représente un tournant dans
la prise en charge On a fait le maximum pour la
première cible les poumons on va pouvoir passer
à la deuxième cible le cerveau comme le dit la
professeure de pneumologie
page33 en bas Mr
Poumon Yes man tas une croix dans le dos là
ça va être toi la cible Mr Cerveau Vous voulez
me viser Visezmoi à qui son pneumologue
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