bruyamment, etc.), des signes de stress (le cœur
qui s’emballe, la pression artérielle qui monte),
des manifestations de peur (visage inquiet, agita-
tion...). On peut donc s’apercevoir que quelqu’un
a du mal à respirer même en l’absence de plainte.
Mais ce qui compte, c’est la plainte. Comme pour
la douleur.
◗ À partir de la plainte, le médecin va mettre en
route une démarche pour faire un diagnostic.
Quelle est l’anomalie respiratoire ou cardiaque
qui a déclenché la souf france du cerveau ? Et
une fois ce diagnostic établi, un traitement va
être possible. Mettre en place le traitement de
l’asthme (page 51), mettre en place le traitement
de la BPCO (page 53), mettre en place le traite-
ment d’une maladie cardiaque, etc. c’est la pre-
mière chose à faire pour soulager la dyspnée.
1.3. La dyspnée est aussi une expérience
propre, surtout quand elle est
«persistante»
◗ En plus d’être un signal d’alarme, la dyspnée
va imprimer sa marque sur la personne qui en
souf fre, parce que, comme on l’a vu plus haut,
c’est un traumatisme. Cela peut conduire à des
ruminations, à des anticipations anxieuses. Le
souf f le qui manque peut devenir une obsession :
à la dyspnée s’ajoute la peur de la dyspnée. À la
limitation des capacités physiques s’ajoute la li-
mitation de la pensée. Rien d’étonnant à ce que
la vie se mette à «rétrécir», déf inition même du
handicap (page 61).
◗ Ces phénomènes sont d’autant plus impor-
tants quand la dyspnée persiste malgré la mise
en place des traitements des anomalies qui la
causent dyspnée persistante
◗ La dyspnée persistante est très fréquente au
cours des maladies respiratoires chroniques
parce quelles sont souvent caractérisées par
des lésions irréversibles de lappareil respiratoire
Dans ce cas le traitement respiratoire améliore
la situation sans permettre un retour à la normale
Il faut alors changer dobjectif et sintéresser
aussi au cerveau qui souf fre
1.4. Prise en charge «intégrative des
maladies respiratoires : soigner les
poumons, soigner le cerveau, soigner
la personne
◗ Première cible : les poumons. Encore et tou-
jours, il faut commencer par diminuer les agres-
sions, et tout faire pour arrêter le tabac (page 47).
On va ensuite essayer de corriger les anomalies
responsables de la dyspnée. Dans la BPCO, prin-
cipale cause de dyspnée persistante (page 61),
cela passe par la mise en place du traitement
médicamenteux, et la réadaptation respiratoire
(page 58). Au stade d’insuf f isance respiratoire
(page 61), oxygène et assistance respiratoire
s’ajoutent au traitement. Mais attention : corriger
au mieux les anomalies mesurables de la fonction
respiratoire ne veut pas toujours dire être ef f icace
sur la dyspnée, sur le vécu du patient, qui sont
mal corrélés aux chif fres (page 35).
◗ Deuxième cible : le cerveau. Si, malgré toutes
les mesures visant à améliorer le fonctionnement
du système respiratoire, la dyspnée est toujours
là, peut-on viser le cerveau ? Oui, de plusieurs
façons. Les opiacés (dérivés de la morphine)
peuvent aider, comme ils aident dans la douleur,
et il ne faut pas les craindre ; on les utilise à petites
doses, sous surveillance rapprochée, pour qu’il
n’y ait pas de danger. On peut aussi «tromper
le cerveau», en lui «faisant croire» que l’appareil
respiratoire apporte plus d’air que ce n’est vrai-
ment le cas, par exemple en envoyant de l’air sur
le visage avec un petit ventilateur (comme quand
une personne qui a une crise d’asthme va respirer
à la fenêtre). Cela fonctionne bien, surtout pour
soulager plus vite la dyspnée après un ef fort. On
peut aussi essayer de distraire l’attention de la
dyspnée : des travaux de recherche ont démontré
que lécoute dune musique que la personne ap
précie est ef f icace au cours dun ef fort
◗ Mais il y a encore une autre cible cest celle
que vise le traitement intégratif celui de la per
sonne La dyspnée persistante a un impact ma
jeur sur les personnes concernées elle modif ie
leurs schémas de pensée elle fait du cerveau un
obsédé du souf f le Si lon ne peut pas guérir les
poumons si lon narrive pas à faire croire au cer
veau que les poumons vont mieux que ce nest le
cas on peut envisager de reprogrammer le cer
veau pour quune situation respiratoire donnée
66